Sur le quatrain IX 87 sur le Duc d’Etampes par B. G. (2001)
Corpus Littéraire Étampois |
Pseudo-Nostradamus Quatrain IX, 87 sur le Duc d’Étampes1568 |
Édition lyonnaise de Benoist Rigaud, 1568
Préface à la première édition (novembre 2001) Nous donnons ici le texte d’un oracle de Nostradamus qui parle explicitement du Duc d’Étampes. Nous proposons aussi quelques éléments d’interprétation de cette prophétie qui sont de notre cru: l’auteur aurait eu en vue les circonstances politiques troublées des alentours de 1564, où Jean de Brosses, duc d’Étampes et agent de Catherine de Médicis, jouait un rôle non négligeable dans les négociations avec le parti protestant. Il ne s’agit que d’une piste de recherche, sinon d’une pochade (à la manière de Georges Dumézil), que nous n’avons pas eu le loisir de pousser plus avant. Quelqu’un pourrait-il prendre le relais, avec plus de sérieux et de méthode, en enquêtant plus avant sur le contexte historique que nous supposons? Le Corpus Étampois serait ravi d’intégrer à cette page toute réaction, qu’il s’agisse de critiques cohérentes ou bien d’informations et d’hypothèses complémentaires, ou différentes. De nombreuses interprétations fantaisistes ont été donnée à beaucoup de quatrains de Nostradamus. Si vous en rencontrez pour celui-ci, merci de les faire connaître à tous!
B.G.
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Préface à la deuxième édition (11 janvier 2003) Il fallait un certain culot, une certaine outrecuidance, et une bonne dose d’ignorance, pour oser, comme nous l’avons fait, publier une page sur Nostradamus, fût-ce sur un seul quatrain d’intérêt local, et faire connaître à tout le monde notre ignorance crasse de la question. Néanmoins nous ne regrettons pas de l’avoir fait. Depuis que nous avions rédigé la première version de cette page, mise en ligne seulement fin 2002, un éminent spécialiste de la question nostradamienne, Jacques Halbronn, a publié une page remarquablement riche et passionnante, intitulée Réflexions sur les méthodes de travail des nostradamologues. Cette page ne donne pas seulement le vertige, mais aussi des indications fort intéressantes pour le profane, et spécialement sur le passage de la neuvième centurie qui intéresse l’érudition étampoise. C’est à savoir que l’auteur, quel qu’il soit (et dieu sait à quelle date réelle), a pris pour canevas… un guide routier de l’époque. Dans le même temps, M. Alexei Penzenski vient de nous adresser de Russie un document extrêmement important pour la compréhension de notre quatrain étampois, précisément tiré de cette Guide des chemins de Charles Estienne (1552). |
Préface à la troisième édition (14 janvier 2003) Monsieur Robert Benazra, auteur du Répertoire nostradamique et rédacteur d’un site de référence, l’Espace Nostradamus, vient de nous signaler avec beaucoup de gentillesse plusieurs erreurs matérielles que nous avons immédiatement corrigées; il nous fait remarquer par ailleurs que l’inauthenticité des premières centuries n’est pas encore un fait établi, et nous communique deux interprétations intéressantes de notre quatrain. [De même M. Guernon le 10.05.2003] Par ailleurs nous pensons avoir enfin découvert le sens général de ce quatrain, selon nous apocryphe. Nous proposons de la dater de l’année même où il est publié pour la première fois, soit deux ans après la mort de Nostradamus et trois ans après celle du Duc d’Étampes. Il évoque les circonstances politiques et militaires des tout premiers mois de cette même année 1568, où se reproduisait une situation étrangement analogue à celle de 1562. |
Texte Variantes | Texte discuté | Un guide routier! | Actualité de 1563 | Actualité de 1568 |
Traductions | Texte commenté | Un faux évident | Sept interprétations! | Récit de Fleureau |
LES VRAYES CENTVRIES ET PRO-pheties de Maistre Michel Nostradamus. CENTVRIE NEVFIESME. |
Texte de l’édition princeps de 1568 LXXXVII Par la forest du Touphon essartee, Par hermitaige sera posé le temple, Le duc d’Estampes par sa ruse inuentee, Du mont Lehori prelat donra exemple. |
Texte d’une édition postérieure et probablement fautive(Saisie douteuse, apparemment d’origine tchèque) Par la forest du Touphon essartée, Par hermitage sera pose le temple, De [sic] Duc d’Estampes par sa ruse inuentée
Du mont Lehori Prelat donra exemple. |
Quelques variantes textuelles En l’absence d’un texte critique, nous sommes particulièrement reconnaissant à M. Robert Benazra de nous avoir communiqué toutes les variantes de lui connues en ce qui concerne notre quatrain. Vers 2: «hermitage» apparemment toutes les autres éditions et toutes les saisies en ligne — «Temple» Troyes, Pierre Chevillot, sans date [vers 1611] — Vers 3: «De Duc» in Colin de LARMOR, Les Merveilleux Quatrains de Nostradamus, Nantes, 1925, p. 115 — «Estempes» Troyes, Pierre du Ruau, [1630]; Lyon, Antoine Besson, sans date [vers 1690] — Vers 4: «Lehri» Lyon, Antoine Besson, sans date [vers 1690]. |
Source du texte: Site Nostradamus (http://digilander.iol.it/mariothegreat/nostradamus en 2001; nouvelle adresse en 2003: ), précisément à la page: http://digilander.iol.it/mariothegreat/nostradamus/nona%20centuria/c9q87.htm; nouvelle adresse en 2003: http://www.propheties.it/no/nona%20centuria/c9q87.htm. — Source du deuxième texte (sur un site tchèque): http://eldar.cz/kam/paranormal/centurie/c-ix.htm.(2001, disparu en 2003), texte également suivi par Robert Benazra. — Source des variantes: courriel de Robert Nenazra, 16.01.2003 |
Essais de traductions en anglais, espagnol,allemand, néerlandais et français moderne
proposées sur la Toile par différents sites
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PREMIERS ÉLÉMENTS DE DISCUSSION[Nous conservons ici notre première version à peine remaniée,bien que plusieurs éléments en soient maintenant caducs] |
Le texte Il faudrait d’abord examiner le texte, et nous assurer autant que possible de sa teneur matérielle. A ce sujet, remarquons que les sites anglais, allemands et espagnols qui nous le proposent reproduisent tous, apparemment sans examen, une seule et unique saisie de départ, qui s’avère à l’examen fréquemment fautive au moins en matière d’orthographe et de ponctuation. Seul le site Nostradamus (http://digilander.iol.it/mariothegreat/nostradamus en 2001; http://www.propheties.it/no/nostradamus.html en 2003, qui paraît d’ailleurs à l’origine de cette saisie en mode texte reprise par tous, propose au lecteur le moyen de vérifier ce texte, par une photographie des éditions originales, quatrain par quatrain. Le quatrain qui nous intéresse aurait été édité pour la première fois deux ans après la mort de l’auteur, à Lyon. En effet la supposée première édition des Prophéties, par Macé Bonhomme, à Lyon, datée (ou antidatée) de 1555, c’est-à-dire du vivant de l’auteur, ne comprenait que 3 centuries et 54 quatrains; la deuxième, par du Rosne, autodatée de 1557, à Lyon, 7 centuries et 40 quatrains; la troisième, par le même, la même année, 7 centuries et 42 quatrains. Nos deux quatrains ne sont donc publiés pour la première fois qu’à titre posthume en 1568, dans la quatrième édition, à Lyon, par Benoist Rigaud, qui comprend 10 centuries (les 11e et 12e centuries ne sont apparues qu’en 1605). Les éditions postérieures dépendent apparemment toutes pour notre quatrain de cette seule édition princeps. Un autre site tchèque [disparu en 2003] donne le texte d’une autre édition sans préciser de laquelle il s’agit. Nous ne le mentionnons que pour mémoire. Le texte en effet ne présente pas de variante sensible et paraît assuré dans l’ensemble, sauf au vers trois où il porte une leçon aberrante «De Duc» au lieu de «Le Duc», visiblement due seulement à l’inattention d’un typographe. |
Remarques préliminaires Il s’agit donc d’un quatrain à rime croisée, dont la métrique, comme il arrive souvent dans le corpus attribué à Michel de Nostre-Dame, est plutôt bâclée (un décasyllabe y est suivi de trois hendécasyllabes). Comme d’habitude, on ne peut dire que l’auteur cultive la clarté, mais on ne saurait le lui reprocher de bonne foi, puisque l’obscurité est un des éléments constitutif du genre littéraire qu’il a adopté. Le moins que l’on puisse dire en effet est que le sens littéral de ce quatrain n’est pas évident. Il présente au moins quatre obscurités de vocabulaire et deux difficultés grammaticales. Dans quel sens faut-il prendre, par exemple, Touphon, hermitaige, inventée, et donra exemple? Du mont Lehory est-il un complément circonstanciel de lieu («depuis Montlhéry») ou bien faut-il rattacher ces mots à prelat et entendre qu’il est question d’un «prélat de Montlhéry»? Et dans ce dernier cas, comment rattacher grammaticalement Du mont Lehory prelat à donra exemple? Il est bien certain, à ce dernier égard que la construction supposée par la traduction anglaise précitée (Will teach a lesson to the prelate of Montlhéry) est absolument inacceptable. Faut-il comprendre «donnera l’exemple du prélat de Montlhéry» (mais cette construction, qui fait de Montlhéry un complément de prélat est bien difficile), ou bien «depuis Montlhéry donnera l’exemple du prélat» (construction non moins difficile) ? La seule solution à peu près satisfaisante ne serait-elle pas plutôt cette troisième autre: «depuis Montlhéry, (devenu) prélat, donnera l’exemple»? Et puisque nous naviguons dans l’obscurité, je me ferai un plaisir de signaler trois amphibologies remarquables dans ce petit quatrain, qui ne paraissent pas avoir encore été remarquées. Tout d’abord le mot de temple, qu’on a tendance spontanément prendre au sens de «lieu de culte» (d’autant que le contexte parle aussi d’ermitage et de prélat), peut également désigner un outil de tisserand, par lequel on tient l’étoffe tendue sur le métier: c’est, selon Littré, «une petite règle de bois ayant des dents ou hoches en forme de crémaillère»; par une rencontre curieuse, prélat peut également se prendre en un sens textile: «toile peinte ou cirée qu’on emploie pour garantir de l’eau le chargement d’une voiture»; l’orthographe usuelle de ce mot est «prélart», mais Littré nous assure qu’en artillerie, c’est la forme «prélat» qui a prévalu. Enfin, le même Littré nous rappelle qu’à toutes les époques il s’est trouvé des auteurs pour mettre exemple au féminin: ce qui nous permet d’envisager, au moins théoriquement, la possibilité de rapporter inventée non pas à ruse mais à exemple (l’exemple en question, quel qu’il soit, ayant été inventé par un effet de son astuce). Mais ces rencontres sont plus curieuses qu’intéressantes et nous ne les avons mentionnées que pour mémoire, sans les prendre au sérieux. Voyons maintenant le texte vers par vers. |
Commentaire et éléments d’interprétation Vers 1: Par la forest du Touphon essartée. Comment faut-il entendre Touphon? Sans nul doute comme une orthographe faussement savante de «typhon»; on trouve en effet cette note encore en 1789 chez Constantin François de Volney, Les Ruines, ou Méditations sur les Révolutions des Empires et la Loi de la Nature III, XXII, IV (cité en anglais par une page web dont j’ai perdu les références) «Typhon, pronounced Touphon by the Greeks, is precisely the touphan of the Arabs, which signifies deluge». Les Grecs n’ont jamais prononcé ainsi ce mot, mais peu importe: l’obscurité est levée en ce qui nous concerne. Ceci éclairci, le sens littéral du premier vers est satisfaisant: le cadre de départ est une forêt, réelle ou symbolique, qui a, ou aura été essartée, c’est-à-dire éclaircie, par une tornade. Par a naturellement ici son sens classique de «quelque part dans». Nous pouvons donc comprendre: «Quelque part dans une forêt éclaircie par une tornade…» Vers 2: Par hermitaige sera pose le temple.Hermitaige, c’est-à-dire «ermitage», ne peut guère s’entendre qu’au sens bien attesté et courant de «lieu écarté, désolé». Dans le contexte des guerres de religion du XVIe siècle, il est tentant en première analyse de comprendre qu’un lieu de culte protestant (le temple) sera érigé dans un lieu écarté, pour échapper aux persécutions prévisibles ou pour toute autre raison; si c’est ce dont il s’agit, il faut croire que Nostradamus n’aurait pas été trop mauvais prophète, si l’on pense par exemple à ce qu’il advint dans la suite des temps de la chrétienté cévenole. Mais la suite n’est pas de la même eau. Vers 3: Le duc d’Estampes par sa ruse inuentee. Qui est Le Duc d’Estampes? En 1534, François donna le comté d’Étampes à sa favorite, Anne de Pisseleu, ainsi qu’à son mari complaisant, Jean de Bretagne, dit aussi Jean de Brosse, ou de Blois, ou encore Jean de Châtillon, comte de Penthièvre. C’est en janvier 1536 seulement que des Lettres Patentes de ce roi érigèrent au bénéfice de sa maîtresse ce comté en duché, événement qui a dû faire jaser et que Clément Marot n’a pas manqué de célébrer dans un magnifique poème bien connu des Étampois, que, naturellement, nous avons mis en ligne. A la mort de François Ier, sa maîtresse a été chassée de la Cour et dépouillée de son Duché par son ennemie intime Diane de Poitiers, favorite du nouveau roi, Henri II. Diane de Poitiers étant veuve, il n’y eut pas de duc d’Étampes de 1553 à 1562. A cette date meurt Henri II, événement qui, comme on sait fit, la gloire de Nostradamus, en réalisant une de ses prophéties, depuis la plus célèbre. Diane est alors à son tour dépouillée du duché d’Étampes, qui est rendu à Jean de Brosse, dès avril 1562, au nom de Charles IX (qui n’a que douze ans) par sa mère Catherine de Médicis. Jean de Brosse en jouit jusqu’à sa mort, arrivée en janvier 1565, «depuis lequel temps le Duché d’Estampes est demeuré entre les mains du Roy jusques au mois de May 1576», selon Dom Basile Fleureau. En conséquence de quoi, si l’on veut bien se rappeler que Michel de Nostre-Dame a vécu de 1503 à 1566, que la neuvième centurie aurait été été publiée en 1568, et que le titre de Duc d’Étampes n’a été porté dans la suite qu’à partir de 1576, on est porté naturellement à considérer que notre prophétie ne pouvait se rapporter qu’à une seule et unique personne, le premier, seul et unique Duc d’Étampes qui ait jamais existé en 1568, personnage au bénéfice duquel cette dignité avait été créée, sans même qu’elle soit transmissible à d’éventuels descendants. Il n’en avait d’ailleurs pas. Nostradamus aurait publié ses deux premiers volumes de Centuries en 1555 et 1558 (si l’on en croit du moins les dates imprimées en tête de ces volumes, qui sont contestées par Halbronn comme nous le verrons), alors que le Duché d’Étampes était entre les mains de la seule Diane de Poitiers, mais la neuvième centurie qui nous intéresse n’y figure pas encore. Catherine de Médicis l’a fait appeler à la Cour, puis nommé médecin ordinaire de son fils en 1564, peu avant la mort du Duc d’Étampes, qui arriva en janvier 1565. Reste à déterminer quand Nostradamus a écrit cette neuvième centurie — s’il l’a écrite —, qui n’aurait été publiée qu’en 1568, deux ans après la mort de Nostradamus, qui disparaît en 1566. Quel que soit l’auteur réel de cette centurie, du reste, le problème reste le même: soit elle a été écrite alors que Jean de Brosse, quc d’Étampes et gouverneur de Bretagne était encore de ce monde, soit après janvier 1565, à une époque ou ce titre est vacant. De deux choses l’une: ou notre centurie a été rédigée par Nostradamus lui-même entre 1562 et janvier 1565, seule époque où le titre de Duc d’Étampes a été porté pendant la carrière littéraire de notre auteur; ou bien un faussaire aura voulu le faire croire. Jean de Brosse n’est pas qu’un mari complaisant; sans quoi la veuve de Henri II ne l’aurait pas reconduit dans sa dignité. C’est aussi un serviteur fidèle du trône. «Nos historiens remarquent que ce Seigneur ne s’est jamais separé du Roy parmy les plus grands troubles; qu’il se trouva sous le Roy François I. en l’an 1542. au siege de Perpignan: qu’il servit contre les Huguenots, conduits par Dandelot en 1562.& au siege d’Orleans en 1563. qu’il étoit avec le Cardinal de Guise auprés de la Reine Mere, lors que Poltrot luy fut presenté après avoir été pris; & qu’il assista au traité de Paix, qui fut commencé dans l’Isle aux Bœufs-lez-Orleans, & conclu à Amboise le 19. de Mars de la même année. Il mourut au mois de Janvier 1564.» (Dom Fleureau, Les Antiquitez d’Estampes, p. 232). Le même auteur date cette mort de 1563, à la page 285, mais ce n’est que l’une des nombreuses coquilles de cette édition malheureusement posthume des Antiquitez d’Estampes; la première date est la bonne: étant considéré du moins que l’auteur suit alors une source qui s’exprime dans l’ancien style, alors que l’année ne recommençait qu’en mars; car Henri Larher précise bien, comme le verrons, que Jean de Brosse, duc d’Étampes et gouverneur de Bretagne, est mort en janvier 1565. Remarquons au passage que son épouse Anne de Pisseleu, dont il était séparé, ne s’est pas vu associer à cette restauration, puisque le titre est ensuite vacant, et qu’il est à nouveau question de l’attribuer en 1576. C’est donc certainement de ce côté qu’il faut chercher. Jean de Brosse, redevenu duc d’Étampes en avril 1562, est aux côtés de Catherine de Médicis, qui louvoie alors entre les ligueurs et les huguenots (rappelons que Charles IX n’a que douze ans). L’année suivante, il est encore au siège d’Orléans et témoin de la mort du Duc de Guise, et il participe aux négociations de paix avec le parti protestant. Rappelons ce qui se passe en mars 1563: l’édit de pacification d’Amboise, du 7 mars, réaffirme la liberté de conscience, mais limite la liberté de culte pour les réformés aux faubourgs d’une seule ville par bailliage ou sénéchaussée (ainsi que dans une ou deux autres villes où il était célébré antérieurement), et il l’interdit dans la prévôté de Paris. C’est sans doute dans ces péripéties qu’il faut chercher le lien entre Jean de Brosse et Montlhéry, étape traditionnelle, comme Étampes, sur la route qui relie Paris à la Vallée de la Loire, et spécialement à Orléans. Nous n’avons pas eu le loisir jusqu’ici de consulter des sources d’époque ni même aucune étude historique sérieuse portant sur ces péripéties de l’histoire de France. Qui pourrait creuser dans cette direction? Honoré de Balzac, dans son roman seiziémiste sur Catherine de Médicis, Le Martyr calviniste, place deux moments de l’action à Étampes, autre étape naturelle entre ces deux pôles géographiques de la France du temps. Nostradamus, ou le prétendu Nostradamus, ne fait pas du roman, mais de la prospective; mutatis mutandis, c’est la même chose dans deux genres littéraires qui ne sont pas sans point commun: on fait œuvre d’imagination à l’intérieur d’un même cadre géopolitique…
Récapitulation des trois premiers vers et début du vers 4: Du mont Lehori… L’ensemble des trois premiers vers s’éclaire, les détails restant flous: 1.Une forêt ravagée par une tornade: c’est un cadre apocalypique de convention, qui peut s’entendre au propre, ou au figuré, de la France en proie aux ravages de la guerre. 2.Un lieu de culte ou de rassemblement y est concédé aux Protestants, ou conquis par eux, dans un lieu à l’écart (ce genre de solution avait déjà eu cours, et la prophétie n’est pas trop risquée); on peut aussi ceci en un sens plus large, et prendre Temple au sens de parti religieux huguenot, comme cela se peut faire pour l’«Eglise» ou la «Synagogue». On peut aussi comprendre que la France ravagée par la guerre ne sera plus qu’un lieu désolé où fleurira le seul parti protestant (ce qui n’est trop aventureux dans le contexte du temps). 3.Le Duc d’Étampes, Jean de Brosse, au service de la reine mère, fera montre de ruse (ce qui peut s’appliquer en toute circonstance sans trop de difficulté). 4.C’est depuis Montlhéry qu’il fera ce qu’il fera. Paris et la vallée de la Loire se partagent alors l’essentiel de la vie politique française; de la sorte, que Jean de Brosse arrive de Paris depuis la vallée de la Loire, ou bien à Paris depuis la vallée de la Loire, on admirera toujours que le prophète ait prédit qu’il arrive de Montlhéry, par où il doit passer nécessairement… Vers 4. Du mont Lehori Prelat donra exemple. Prelat doit s’entendre comme une apposition à Le Duc d’Estampes; c’est la seule construction acceptable. Remarquons qu’on pourrait entendre ce mot non pas dans son sens propre de «haut dignitaire religieux», mais dans l’acception péjorative qui a produit par dérivation le verbe «se prélasser», c’est-à-dire, selon Littré, «affecter un air de dignité et de gravité fastueuse», mais plutôt, selon un exemple qu’il donne lui-même de Montaigne (qui dit «se prélater») «vivre fastueusement». Tout ceci cependant ne produit rien de clair, et il est préférable de rattacher ce mot à ce qui suit: Prélat donra exemple. Littré donne en effet un proverbe qu’il tire de LEROUX DE LINCY, Prov. t. I, p. 40, et qui est peut-être la clef de ce passage difficile: «Bon prélat, bon exemple». L’indignité scandaleuse de bien des prélats est un thème qui n’a pas attendu le seizième siècle ni les critiques des Huguenots pour frapper les esprits, et ce thème affleure déjà dans toute la littérature du moyen âge. Un bon prélat prêche avant tout d’exemple. Voilà, me semble-t-il, la clef des difficultés grammaticales que nous avions commencé par évoquer. On doit reconnaître ici, sans hésiter l’occurrence d’un tour proverbial: «prélat donner exemple», qui devait presque nécessairement avoir le même sens qu’une expression de la même eau qui a, elle, survécu: «prêcher d’exemple», c’est-à-dire «être le premier à faire ce que l’on préconise». On est donc porté naturellement à entendre que, d’une manière ou d’une autre, Jean de Brosse adoptera dans cette période critique une attitude qui paraîtra la meilleure, et dont l’exemple sera suivi par son parti, c’est-à-dire, probablement, par Catherine de Médicis elle-même, au nom du roi. |
Première conclusion provisoire:la discussion est ouverte! Voici donc la manière dont je propose de comprendre le sens littéral de ce texte qu’il semble falloir dater de 1563. C’est une base de discussion, sans plus: Dans le royaume de France ou dans l’une de ses provinces (Par la forest) qui auront été dévastés par le tourbillon de la guerre (du Touphon essartee), dans un lieu écarté, ou bien désolé (Par hermitaige), le parti huguenot prendra ses aises, ou établira son quartier général, ou bien un lieu de culte important (sera posé le temple); mais Jean de Brosse, comte de Penthièvre et duc d’Étampes au service de Catherine de Médicis, qui louvoie entre huguenots et ligueurs (Le duc d’Estampes), imaginera quelque solution (par sa ruse inuentee), et, arrivant de Paris dans la vallée de la Loire, ou bien inversement de la vallée de la Loire à Paris (Du mont Lehori), montrera par son propre exemple la conduite à tenir (prelat donra exemple) pour résoudre cette crise politique.
Qui propose mieux? Merci de poursuivre le débat! Bernard Gineste, novembre 2001
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NOSTRADAMUS ET LA GUIDE DES CHEMINS[parallèle que nous a signalé M. Alexei Penzenski] Un courriel de M. Alexei Penzenski relance la discussion d’une manière tout à fait passionnante, d’autant que de nouveaux éléments sont maintenant en ligne pour comprendre le quatrain sur lequel nous avions attiré l’attention. | |||||||||||||||||||||||||||||
1. Réflexions de Jacques Halbronn[Réflexions sur les méthodes de travail des nostradamologues,extraits de sa page en ligne, http://cura.free.fr/xxv/22halb17.html]
2. Les quatrains IX, 86 et 87et l’itinéraire Paris-Etampes[parallèle signalé par Alexei Penzenski] Jacques Halbronn, à la suite de Chantal Liaroutzos, montre que les quatrains 56 à 59 de la IXe Centurie s’inspirent étroitement de l’itinéraire édité en premier lieu par Charles Estienne. La démonstration est fort convaincante, qu’il s’agisse de la Guide des Chemins de France, ou bien, comme le pense Halbronn, de son remaniement le Livre des Saints Voyages. On retrouve le même phénomène dans les quatrains 86 et 87, comme le signale Halbronn, après Liaroutzos. Lorsque j’avais étudié pour la première fois, fin 2001, ce passage de la neuvième centurie, j’avais été frappé, je l’avoue, par l’homogénéité géographique de ces deux quatrains, d’une part, et, d’autre part, par certaines bizarreries qui frappent tout de suite un Etampois: d’abord, une mention de Chartres, en un passage où on s’attendrait plutôt à Chastres (c’est-à-dire Châtres, la moderne Arpajon); d’autre part, la bizarre ressemblance de Touphon (mot bien difficile à expliquer) avec Torfou, d’autant que dans le quatrain 86 on observe deux inversions typographiques évidentes du U et du N, Authoni et panse au lieu de Anthoni et pause, ce qui autorise parfaitement à conjecturer au quatrain suivant un texte originel Touphou et non Touphon, après quoi on peut facilement imaginer une confusion du U et du R, qui donnerait Torphou, comme on a peut-être une confusion du S et du R, dans Chartres pour Chastres. Mais, devant la multiplication des difficultés, mon ignorance, le manque de temps, et la prolifération décourageante d’une bibliographie de mauvais aloi, j’avais décidé de passer sous silence ces vagues pressentiments, concernant essentiellement d’ailleurs, à ce qu’il semblait, un quatrain sans intérêt direct pour l’érudition étampoise proprement dit, et dont le lien avec le suivant était peut-être fortuit. Voici les textes: Or Monsieur Alexei Pensenski vient très obligemment d’attirer l’attention des lecteurs du Corpus Étampois sur l’étonnant parallèle que présente ce passage avec un itinéraire décrit par Charles Estienne dans sa Guide des Chemins de France, dont il vient de nous envoyer cette image empruntée au site gallica.bnf.fr (il s’agit de l’édition de 1552, page 92): Les parallèles sont proprement stupéfiants et indubitables. Nous les relevons dans l’ordre des textes respectifs:
3. Le faussaire démasqué Il apparaît assez clairement qu’on prend ici sur le fait un faiseur, un éditeur et faussaire sans scrupule qui puise, absolument n’importe où, la source de son inspiration, soit entre 1566 et 1568, ou peut-être dans les années 1570, sinon même plus tard, comme le suppose Jacques Halbronn. Pour composer les quatrains IX, 86-87, il a très évidemment sous les yeux le texte de la Guide des Chemins de France, de Charles Estienne, ou un texte qui en dérive très directement. Il l’utilise très servilement, sauf qu’il saisit toutes les occasions qui lui viennent à l’esprit pour donner à son texte un air énigmatique ou pour glisser dans ces quatrains (d’ailleurs fort mal fagotés) des prophéties éventuellement ab eventu, supposées écrites avant 1566, et prétendument retrouvées dans les papiers de l’auteur peu après sa mort. Il tombe donc, dans la Guide dont il s’inspire pour alimenter son imagination défaillante, sur la mention de l’étape d’Étampes qui lui remet en mémoire la personnalité du Duc d’Étampes, contemporain de Nostradamus. Il se rappelle que ce personnage, alors qu’il était gouverneur de Bretagne, a montré la voie de la modération, et qu’il a donné des facilités aux protestants pour établir les lieux de culte qui leur avaient été accordés par l’édit d’Amboise, et c’est pourquoi il «prédit» ici qu’un «temple» va être «posé» dans un des lieux dont il est en train de parler au hasard du guide qui lui est tombé sous les yeux. Il ne va pas chercher plus loin en effet: il garde les indications de lieu que lui donne, d’une manière tout à fait aléatoire, la Guide des chemins. Comme il s’est fixé d’écrire plusieurs centaines de nouveaux quatrains, l’heure n’est pas aux finasseries. Il connaît par expérience la crédulité publique, dont il vit, et qui s’en contentera aisément, comme d’ailleurs elle l’a fait, et le fait encore. Mieux vaut ne point trop en faire. Cependant deux de ces indications de lieu connaissent une lègère transformation, dont il est malaisé de déterminer si elles sont délibérées ou bien dues seulement à la négligence. Le lieu dit de «l’hermitage» devient un nom commun, «hermitage», susceptible de recevoir un sens plus général; et «la forêt aujourd’hui détruite de Torfou» devient «la forêt essarté du Touphon», c’est-à-dire «par le Typhon», ce qui est nettement plus impressionnant et disons-même apocalyptique. 4. Une prophétie ab eventu de la modération du Duc d’Étampes?[littéralement: «postérieure au fait», c’est-à-dire antidatée] Depuis la première rédaction de cette page, de nouvelles données sont en ligne sur la conduite du Duc d’Étampes dans son gouvernement de la Bretagne, spécialement sur la question de l’établissement de lieux de culte protestants. Il s’agit du site très intéressant que Henri LARHER a mis en ligne sur Les guerres de religion dans l’Ouest de la France. Qu’on en juge par ces extraits:
En conclusion, il nous semble que ces données éclairent d’un jour très précis ce que veut dire le faussaire, lorsqu’il dit que le Duc d’Étampes «prélat donra exemple». Cela signifie, comme nous l’avions supposé, qu’il a donné par son propre comportement une leçon sur la conduite à tenir dans les affaires religieuses du temps, conformément aux termes de son testament, qui devaient être connus: «Il demande pardon aux catholiques de ne pas les avoir toujours protégé des huguenots, mais il les prie de faire attention que cette conduite était nécessaire pour éviter de plus grands maux». Le quatrain IX, 87 n’est donc pas à considérer comme un document direct sur la vie même et l’action politique de Jean de Brosse, duc d’Étampes, mais sur le souvenir positif qu’on avait de sa carrière, et de sa conduite des affaires, dans les années qui suivirent sa mort, à une date qui reste à déterminer, mais où se posait encore très probablement la question des lieux de culte protestants: et nous voyons qu’elle était encore bien d’actualité en 1567-1568, où il n’y a plus de duc d’Étampes, mais où prennent place des mouvements de troupes entre Paris et Étampes. |
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Nouvelle conclusion provisoire:la discussion est toujours ouverte! En conclusion, et pour l’heure, nous faisons nôtres les hypothèses de Jacques Holbronn: Notradamus n’a jamais écrit les Centuries VIII à X. Il n’a peut-être écrit en effet lui-même que des quatrains destinés à être publiés dans des almanachs, car il était avant tout en son temps, selon le mot du père Ménestrier, dès 1694, «un médecin, un (astrologue) judiciaire, un faiseur d’almanachs». La plus grande partie du corpus nostradamique actuel n’est de toute façon que le produit d’une gigantesque supercherie éditoriale, qui semble remonter au troisième tiers du XVIe siècle et s’être poursuivie au début du XVIIe, d’une façon analogue à ce qui s’est produit de nos jours autour de l’affaire Roswell. Qui propose mieux? Merci de poursuivre le débat!
Bernard Gineste, 11 janvier 2003
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QUELQUES INTERPRÉTATIONSDES QUATRAINS IX, 86-87[suite à deux courriels de M. Robert Benazra] Depuis plus de trois siècles que prolifère autour des Centuries une littérature aussi abondante que variée, on devait s’attendre à ce que notre quatrain étampois, ainsi que celui qui le précède immédiatement et qui évoque pour sa part la route de Paris à Étampes, aient reçu des interprétations curieuses, et nous avions fait appel à contribution en ce sens. M. Benazra vient de nous communiquer les quatre suivantes, qu’on lira avec beaucoup d’intérêt, nous l’espérons. Un texte prophétique, en effet, est par nature un intertexte, et il destiné par son auteur à susciter des commentaires et des interprétations, qui constituent, d’une certaine manière, la vie même de ce texte et son prolongement légitime, même quand elle paraissent révolter le bon sens. [M. Guernon vient également de nous en proposer une (10.05.2003).] Nous développons enfin par ailleurs une nouvelle hypothèse de notre cru, fondée sur l’actualité militaire et politique de l’année de parution du quatrain. 1. Nostradamus en Bretagne?[Jean Monterey, 1963]
2. L’après-Waterloo?[Torné-Chavigny, 1862]
3. Siège de Paris en 1594?[Jean-Charles de Fontbrune, 1980]
4. La bataille de Montlhéry de 1465?[Robert Benazra, 1990-2003]
5. Henri IV divorce et se remarie[Jean Guernon, 1999-2003]
6. Modération du Duc d’Étampes face aux Huguenots en 1562-1564?[Bernard Gineste, 11 février 2003] C’est la première hypothèse que nous avons développée longuement au début de cette page. 7. La victoire de Dreux de 1562 et l’attente de sa répétition en 1568?[Bernard Gineste, 15 février 2003] Nous développons ci-dessous cette nouvelle interprétation. Elle nous paraît plus vraisemblable que celle que nous avions d’abord proposée. Au lecteur d’en juger.. |
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NOUVELLE (7e) INTERPRÉTATION DU QUATRAIN IX, 87: Un faux dicté par l’actualité polique de 1568 La neuvième centurie est publiée pour la première fois en 1568, deux ans après la mort de Nostradamus. Il est question dans ses quatrains 86-87 de plusieurs lieux et lieux-dits situés entre Paris et Étampes, empruntés à un guide routier, moyennant certaines transformations: on notera spécialement ici que Chastres y est remplacée par Chartres; enfin il est question d’une ruse inventée, qui paraît la pointe de l’oracle, en lien avec Montlhéry. Si l’on se reporte au contexte historique et militaire de l’époque (commodément résumé par l’historien local Basile Fleureau dans les années 1660), tout ceci se rapporte à deux moments précis de l’histoire. En décembre 1562, les armées royales, venant de Paris, font mine de se diriger vers Orléans via Étampes, pour délivrer ces deux villes; mais en fait, elles tournent soudain à droite, probablement au niveau de Montlhéry, et foncent à l’improviste sur Dreux, où elles écrasent les protestants dans une victoire décisive. S’ensuit la paix d’Amboise, conclue en mars 1563, et qui durera moins de cinq ans. La guerre reprend début 1567. Les protestants reprennent Étampes en octobre. A nouveau les forces royales se dirigent vers le sud pour délivrer Étampes, la délivrent effectivement le 16 novembre et y séjournent. Fin janvier 1568, quand s’ouvre l’année de la parution de nos quatrains, les armées protestantes approchent à nouveau d’Orléans tandis que celles du roi manœuvrent autour d’Étampes. Le 23 février 1568, les protestants commencent le siège de Chartres. La situation stratégique de 1562 se reproduit presque exactement. Le Conseil royal en débat: faut-il à nouveau fondre à l’ouest sur l’ennemi, au risque d’une bataille sanglante à l’issue incertaine, qui menace l’avenir même du royaume? Finalement la crise est résolue par la paix de Longjumeau, le 23 mars 1568. Le suspense d’une éventuelle «nouvelle bataille de Dreux», et d’une éventuelle «nouvelle ruse de Montlhéry» aura duré un mois. Est-ce la date du quatrain IX, 87?
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La discussion est toujours ouverte! Faites-nous connaître vos réactions et vos suggestions! Nous serons très honorés de les mettre en ligne. Qui propose mieux? Merci de poursuivre le débat!
Bernard Gineste, 15 janvier 2003
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BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE
On trouvera une copieuse Bibliographie Nostradamienne sur la page web http://dsa.netliberte.org/nostra3.html (en ligne en novembre 2001, mais plus en 2004). Entre autres sites, celui dont nous avons extrait les saisies en modes images de l’édition originale de nos quatrains, Nostradamus et qui est à cet égard très précieux; et celui de M. Robert Benazra: l’Espace Nostradamus. Sur la Guide des chemins Charles ESTIENNE [éditeur-auteur], La Guide des chemins de France [in-8°; 207 p.], Paris, Charles Estienne, 1552 [et non 1522 comme indiqué par erreur sur le site gallica]. Dont un microfilm, Paris, Bibliothèque nationale de France, 2000. Dont une édition numérique en mode image. Dont une mise en ligne par la BNF, gallica.bnf.fr, N102662, http://gallica.bnf.fr/scripts/ConsultationTout.exe?O=N102662&E=0, en ligne en 2003; dont une saisie en mode texte de la page 92 par le Corpus étampois, http://corpusetampois.com/che-16-estienne1552guide.html. Charles ESTIENNE [éditeur-auteur], La Guide des chemins de France, reveue et augmentée. Les fleuves de France, aussi augmentez [in-8°; pièces liminaires & 207 p.], Paris, Charles Estienne, 1552. Charles ESTIENNE [éditeur-auteur], La Guide des chemins de France, reveue et augmentée pour la troisiesme fois. Les fleuves du royaume de France, aussi augmentez [in-8° (aliter: in-16); XVI+256 p.; table], Paris, Charles Estienne, 1553. Charles ESTIENNE, La grand Guide des chemins pour aller et venir par tout le royaume de France, avec les noms des fleuves et rivières qui courent parmy lesdicts pays, augmenté du voyage de S. Jaques, de Rome et Venise [in-32; 178 ff.], Rouen, T. Daré, 1600. [Charles ESTIENNE], La Guide des chemins de la France… 3e éd. [in-12], Paris, Vincent, 1768. Charles ESTIENNE, La Guide des chemins de France, revue et augmentée pour la troisième fois. Les fleuves du Royaume de France, aussi augmentez [pièces liminaires; 256 p.; reproduction de l’édition de Paris chez Charles Estienne, imprimeur du Roy, 1553, par les procédés d’Orel; chaque page correspond à deux pages de l’édition de 1553], Paris, 1935. Jean BONNEROT (1882-1964) [éd.], La Guide des chemins de France de 1553, par Charles Estienne [2 vol. gros in-8; V+536 p. (texte commenté) & VII+138 p. (fac-similé & cartes: 6 ff. de dépliant); cartes hors texte], Honoré Champion [«Bibliothèque de l’École des hautes études. Sciences historiques et philologiques» 265 & 266], 1936 [1937]. Dont une réédition en fac-similé [23 cm] Genève, Slatkine reprints & Paris, H. Champion, 1978. Dont une saisie électronique par la BNF, 1995. Chantal LIAROUTZOS, Le pays et la mémoire: pratiques et représentation de l’espace français chez Gilles Corrozet et Charles Estienne [23 cm; 362 p.; étude de «Les antiquitez de Paris» de Corrozet (15110-1568) et de «La guide des chemins de France» et de «L’agriculture et maison rustique» d’Estienne (1504-1564); bibliogr. pp. 347-360], Paris, H. Champion [«Les géographies du monde» 1], 1998. Sur Nostradamus et ses quatrains IX, 86-87 Jean MONTEREY [pseudonyme], Nostradamus, prophète du XXe siècle [in-8° (21 cm), 300 p.], Paris, la Nef de Paris, 1963 []. Chantal LIAROUTZOS, «Les prophéties de Nostradamus: suivez la Guide», in Réforme Humanisme et Renaissance [Lyon] 23 (1986), pp. ?-? [première à signaler l’intertextualité entre certaines séries de quatrains et la Guide des chemins de Charles Estienne]. Robert BENAZRA [directeur-fondateur des anciens Cahiers Kabbalah, Revue d’études sur la Mystique juive], Répertoire chronologique nostradamique. 1545-1989 [24 cm; XXXIV+687 p.; illustr.; bibliogr. pp. XXIX-XXXIV; index; préface de Jean Céard], Paris, La Grande conjonction & G. Trédaniel, 1990. Palle SPORE, «Les noms géographiques dans Nostradamus», in R. AMADOU, L’astrologie de Nostradamus, Ed. ARRC, 1992 pp. 457-?. Jean GUERNON, Nostradamus: Neuvième Centurie. Essai [23 cm; 270 p.], Chicoutimi [Québec], editions JCL [«Énigmes»], 1999. Robert BENAZRA, «Le praticien périodeute (1539 – 1544)», in Espace Nostradamus [site web], 2001-2002, http://nostredame.chez.tiscali.fr/praper.html, en ligne en 2003 [interprétation du quatrains IX, 87 par MONTEREY 1963 et par Benazra lui-même]. Robert BENAZRA [éd.], Abrégé de la vie et de l’histoire de Michel Nostradamus. Imprimé et manuscrit du XVIIIe siècle par Palamède Tronc de Coudoulet [21 cm; 109 p.; manuscrit inédit d’un auteur du XVIIIe s. (1660-1722)], Feyzin, Ramkat, 2001. Jacques HALBRONN, Le Texte prophétique en France, Presses Universitaires du Septentrion, Villeneuve d’Ascq, 2002 [Premier à signaler que, d’après certains indices orthographiques, ces quatrains paraissent utiliser plutôt un remaniement de l’œuvre appelé Livre des Saints Voyages]. Henri LARHEN, L’édit de Nantes ou la paix imposée. Les guerres de religion dans l’Ouest de la France, de la conjuration d’Amboise à l’édit de Nantes. 1559 – 1598 [site web], http://perso.wanadoo.fr/larher, 2001, en ligne en 2003. Jacques HALBRONN [57 notices bibliographiques sur cet auteur à la BNF], Prophetica judaica. Aleph: documents inexploités sur le phénomène nostradamique. Suivi d’un dossier de documents nostradamiques comportant notamment Les trois épîtres pour l’an 1557 de Michel de Nostredame. Les prophéties dédiées à la puissance divine d’Antoine Crespin, dit Archidamus. Prophéties présentées au roy Henry le Grand de Noël Léon Morgard [21 cm; 247 p.; fac-similé; bibliogr. pp. 243-245; "Les trois épîtres pour l’an 1557 de Michel Nostradamus" comprend seulement frontispices, préfaces et privilège], Feyzin, Ramkat, 2002. Jacques HALBRONN, Réflexions sur les méthodes de travail des nostradamologues [page web], http://cura.free.fr/xxv/22halb17.html, 2002 (en ligne en 2003). Avec nos remerciements renouvelés à M. Alexei Penzenski, Jacques Halbronn et Robert Benazra. Tout complément ou commentaire sera le bienvenu. |